RONNIN Admin
Messages : 564 Date d'inscription : 06/06/2014 Age : 59 Localisation : Rochefort
| Sujet: Jaurès à Rochefort, l'un de ses derniers dicours, moins d'un mois avant son assassinat à Paris Mer 11 Déc - 5:47 | |
| Photo : Henry RogerJe me contenterais ici de produire un extrait (Texte en lien) du magnifique texte d'Alain Dalançon, fruit de recherches pour évoquer la venue de Jean Jaures à Rochefort, un passage oublié de la vie de ce grand homme à Rochefort moins d'un mois avant son assassinat à Paris et de la déclaration de guerre de la France en 1914. Un passage important de la vie de notre ville pourtant presque inconnu, comme le souligne Alain Dalançon, mais une étude approfondie de l'auteur sur une période de l'histoire de Rochefort, mêlant de nombreux protagonistes immortalisés par les noms de rues de la ville ! Passionnant donc pour la ville la plus peuplée de Charente Maritime jusqu'en 1911. Les socialistes et JAURÈS à Rochefort en 1914, par Alain Dalançon 2014 L’intérieur de la Bourse du Travail (à la Vieille Paroisse) vers 1913 (AM Rochefort) (Photo publiée dans l’Encyclopédie socialiste) Parue dans la revue ROCCAFORTIS n° 54, septembre 2014 de nos amis de La Société de Géographie de RochefortParmi les commémorations qui, en cette année 2014, marquent le centenaire du début de la Première Guerre mondiale, différentes manifestations sont consacrées à Jean Jaurès (exposition aux Archives nationales, conférences, nouveaux livres...). Cet article peut s’inscrire dans cet ensemble à partir de l’analyse du discours que Jaurès prononça à Rochefort au début du mois de juillet 1914, moins d’un mois avant son assassinat à Paris, le 31 juillet. Le fait est resté enterré dans la mémoire rochefortaise, bien que la presse locale, régionale et nationale en ait parlé à l’époque ; et les historiens, y compris les plus favorables au grand leader socialiste, ne citent jamais ce « discours inconnu »1.Le dimanche 5 juillet 1914, Jean Jaurès vient à Rochefort-sur-Mer pour fêter la victoire d’Édouard Pouzet au 2e tour des élections législatives du 10 mai précédent. Le parti socialiste SFIO a été le grand gagnant de ce scrutin, son groupe à la Chambre des députés passant de 75 à 102 élus sur 601 députés, renforçant ainsi l’orientation à gauche de l’assemblée2. Pouzet est le seul député socialiste élu dans le département, tous les autres sièges revenant à des radicaux-socialistes. Mais globalement dans la région, les résultats des socialistes n’ont pas été mauvais, et un autre député a été réélu dans le département voisin des Deux-Sèvres, à Niort, Henri de La Porte3. Comment expliquer cette victoire socialiste dans la circonscription de Rochefort-sur-Mer ? Qu’est venu dire Jaurès aux Charentais, au moment où se répandent des bruits de guerre après l’assassinat de l’archiduc d’Autriche-Hongrie, François-Ferdinand, à Sarajevo, une semaine plus tôt, le 28 juin ? Au moment aussi où, au début de cette nouvelle législature, l’éphémère ministère d’Alexandre Ribot vient d’être remplacé par celui de l’ex-socialiste René Viviani, co-fondateur avec Jaurès du journal l’Humanité ? La réponse à ces questions nécessite d’analyser la situation politique à Rochefort, dans son contexte local et général, ce qui permettra aussi d’en comprendre l’évolution durant la guerre. L’hebdomadaire socialiste du département 1 À notre connaissance, parmi la bibliographie considérable consacrée à Jaurès, il n’existe qu’une seule référence : Jean Rabaut publia un court article présentant ce discours, en reproduisant la version publiée dans le journal socialiste local, Le Réveil social : « Discours de Jaurès à Rochefort, le 5 juillet 1914. Un discours inconnu », Bulletin de la Société des études jauressiennes, n° 91, oct.-déc. 1983, p. 3-8. 2 Aux 102 députés socialistes SFIO, il faut ajouter les 24 républicains socialistes et les 349 élus des 3 groupes des radicaux ; la droite est réduite à 75 députés seulement et 51 députés sont non-inscrits. 3 Henri de la Porte a en effet été élu député de la 2e circonscription de Niort au 1er tour aux élections de 1910, il a alors 30 ans et est le fils d’Amédée de la Porte qui avait été député républicain des Deux-Sèvres de 1877 à 1889 et plusieurs fois Secrétaire d’État.Extrait choisiAu début du XXe siècle, 3 000 ouvriers et employés travaillaient en effet encore à l’arsenal,véritable poumon de cette ville nouvelle du XVIIesiècle, qui vivait pour et par la Marine depuis 1666. S’ajoutaient plusieurs centaines d’ouvriers travaillant comme dockers au port de commerce, à l’entreprise d’importation de bois Lodtz, à l’usinede briquettes de charbon Delmas, à l’usine à gaz et d’électricité, à la compagnie des Chemins de ferde l’État et de nombreux fonctionnaires des douanes, postes, contributions... Le syndicalisme s’était implanté dans cette cité ouvrière particulière. Extrait choisiEdouard Pouzet vers 1914 (photo publiée dans l’Encyclopédie Socialiste) Édouard Pouzet Son programme électoral, en 1914, épouse celui de son parti. Il se déclare partisan des « réformes immédiates revendiquées par la classe ouvrière et paysanne ». Il est favorable à l’impôt sur le revenu, à l’impôt sur le capital et à l’impôt progressif sur les riches successions. Il soutient la création d’un monopole des assurances, des banques, des mines et de toutes les richesses nationales non encore concédées (mines et hydroélectricité). Grâce à ces impôts pesant sur les riches et grâce à ces monopoles, l’État pourra améliorer les retraites servies à tous les travailleurs des villes et des campagnes des deux sexes, sans prélèvement sur leurs salaires, et assurer les travailleurs contre l’invalidité, le chômage et les accidents. Je remet le lien de ce fabuleux texte: Les socialistes etJAURÈS à Rochefort en 1914 ► Alain Dalançon | |
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