Merci d'être venus, ce 16 Septembre, aux 70 ans de la première municipalité après les évènements de la libération de Tonnay-Charente, le 24 Août 1944
L'initiative de cette photo souvenir en revient aux 3 citoyennes, âgées à l'époque de 17 et 18 ans (Melles Chaissac, Faure et Saltzmann), qui ont posé en bleu blanc rouge avec le maire Jean Mercier et son équipe installés par André Religieux chef des FFI et Robert Bignon le nouveau maire de Rochefort.
Le maire, Eric Authiat, l'adjointe à la culture Françoise Azaïs, des conseillers municipaux, la belle-fille du 1er maire Jean Mercier, épouse du résistant Léo Mercier, la fille de Robert Coppin du groupe Pierlot des FTP, et les quelques enfants des acteurs de ces évènements qui ont pu être touchés. Le maire a relu avec émotion le discours de Jean Mercier et la photo symbolique a été refaite sur les marches du perron de la mairie.
Une exposition réalisée par le Club d’histoire de Tonnay-Charente relatant les évènements du 24 Août, (déminage du pont et combats de rue) et la journée du 16 Septembre 1944.
Je vous joins, à toutes fins utiles, la photo, très légère malheureusement, des 3 jeunes filles posant avec les personnalités, un petit texte sur la guerre 39 45 (rédigé par mes soins et publié dans le livre sur Tonnay-Charente, et un texte pris dans le cahier de Charente n°2 du Club d'Histoire sur l'installation du 1er conseil municipal.
Françoise Bonnin
La guerre 39-45
Le Dimanche 23 Juin 1940 la 44e Division Allemande pénètre en Charente-Maritime...A Tonnay-Charente les troupes allemandes réquisitionnent plusieurs logements en ville, l’école des garçons, l’Hôtel du Parc, puis le château de la Perrière pour l’état-major de la Kommandantur et une maison près du pont pour la Chancellerie ; ils installent un poste de guet avec mitrailleuse sur le toit de la tour Est du Château.
Comme partout, les habitants sont soumis aux exigences de l'occupant, couvre-feu, restrictions de nourriture, de carburant, interdiction de se regrouper, astreintes pour les hommes à des gardes obligatoires...comme partout l'occupation crée des sentiments divers dans la population.
Après les premières manifestations de résistance (Henri Gayot cite le déraillement du train du 3 Juillet 1940 à Cabariot), les résistants s'organisent peu à peu dans la région, au fur et à mesure des événements, la répression aussi. (« Occupation Résistance Libération en Charente-Maritime » d’Henri Gayot)
A la fin du mois d'Août 1944 , après le débarquement américain en Normandie, la garnison allemande prépare son départ de Rochefort et sabote les installations portuaires de Rochefort, les navires et la nacelle du pont transbordeur, les ponts de la Cèpe, Taillebourg, Saint-Savinien, l’Houmée à la Vallée, plus de 25 ponts aux alentours.
Le pont de Tonnay-Charente a été miné lui aussi...Le 24 Août, vers 15h, les maquisards sont alertés pour procéder au déminage du pont. Robert Coppin et 3 hommes du groupe Pierlot des FTP (Francs Tireurs Partisans), exécute le déminage, couverts par le groupe Moulin du réseau « France Alerte ». En fin d'après-midi, le groupe hisse le drapeau tricolore sur le fronton de la mairie. Des Allemands venus en renfort de Rochefort engagent un combat de rue contre les résistants du groupe Coppin, ceux du groupe Léo Mercier des FFC (Forces Françaises Combattantes) basés au maquis du Pont des Groies, puis des groupes FN accourus des communes alentours. Un camion-citerne et un camion de soldats sont stoppés en ville, au passage à niveau, par la foule et 13 Allemands sont faits prisonniers.
Les combats de rue se poursuivent toute la nuit et font 3 morts, Marcel Vavasseur dans la maison incendiée par les Allemands près du cimetière, l’adjudant des pompiers Gaston Pierre dit Guichard, et le jeune FFI Pierre Vendôme, 19 ans ; on déplore aussi une dizaine de blessés, et en centre-ville de nombreuses maisons et commerces détruits. Les Allemands se retirent vers 5 heures en direction de Rochefort…mais reviennent le lendemain, de nombreux tonnacquois fuient.
Le 25 Août 1944, les troupes allemandes sont parties de Rochefort, l’arsenal brûle, le port est très endommagé. La Résistance y est conduite par l'avocat Albert Bignon et André Religieux de l’organisation « France-Alerte ». Lorsque les Allemands reviennent à Rochefort, le 27 Août, et menacent la population de représailles, le Capitaine de Frégate Meyer, tout récemment envoyé à Rochefort, rencontre l'Amiral Schirlitz basé à La Rochelle et parvient à les éviter.
Trois autres jeunes Tonnacquois sont « morts pour la France » juste après ces événements de Tonnay-Charente dans des communes limitrophes: Pierre Berne, cultivateur 22 ans et Ferdinand Gateau, mécanicien 32 ans, des FTP, fusillés au soir du 25 Août au bois d'Essouvert à Aulnay après avoir participé à l'attaque d’un car allemand. Émile Jean, zingueur, 35 ans, sergent des FFI, est abattu à Landrais lors d'une embuscade le 7 Septembre. Il appartenait au groupe paramilitaire Jack dont le responsable était Jean Mercier qui va devenir maire à la Libération.
Le 8 Septembre 1944, selon le Gayot, se tient à l’Hôtel du Parc de Tonnay-Charente une importante réunion entre une délégation du Régiment Bir-Hakeim, un agent interallié de Bordeaux, et les représentants du réseau France-Alerte. André Religieux y expose la situation de Rochefort. Des renseignements sont échangés sur les défenses de l'Ile d'Oleron. Le Commandant Meyer œuvre pour que le Général Bertin, délégué du Général de Gaulle, rencontre l’Amiral Schirlitz : la rencontre aura lieu à Chatelaillon le 10 Septembre. Le 12 Septembre, dans la nuit, le détachement allemand s’est discrètement retiré vers La Rochelle. Rochefort est libéré, mais tout près, les affrontements vont persister autour des 2 « enceintes fortifiées » Royan et La Rochelle: Royan ne sera libéré que le 18 Avril 1945, l’Ile d’Oléron le 1er Mai et La Rochelle le 9 Mai 1945, après la capitulation des Allemands…
Sur notre monument aux morts, on peut lire le nom de 36 personnes de Tonnay-Charente qui ont donné leur vie pour la patrie lors de cette guerre. Citons Maurice René Petit, responsable FTP emprisonné à la prison Saint-Maurice de Rochefort après son arrestation le 12 Mai 1943, et fusillé le 3 Septembre à Biard près de Poitiers en même temps que Gilles Jamain et Maurice Chupin de Rochefort. Citons encore Édouard Tarif, cadre à la SNCF qui organisa au Havre dès 1940 la 1ère formation de résistance du réseau SNCF. Arrêté à Tonnay-Charente le 22 Mars 1944, déporté à Hambourg-Neuengamme, puis à il est mort le 6 Mars 1945 après une tentative d'évasion.
On ne lit pas sur ce monument, le nom du jeune Edgar Maywurm, sergent-chef FFI courageux, tué au cours d'un bref combat le 10 Septembre 1944 au Pont-Rouge, situé exactement entre Rochefort et Tonnay-Charente. Né en Lorraine, ce jeune instituteur avait déserté l'armée allemande où il avait été incorporé de force pour rejoindre la résistance et avait été affecté au maquis du capitaine Marchal, secteur de Rochefort...
Installation le Samedi 16 Septembre 1944 du Comité de Libération de Tonnay-Charente :
Le Comité de Libération, organisé la semaine précédente et faisant fonction de Conseil Municipal, est installé officiellement à 15h à l'Hôtel de Ville par André Religieux, chef des FFI de la région de Rochefort, et Albert Bignon, le tout nouveau maire de Rochefort.
Le maire de ce Conseil Municipal Transitoire est Jean Mercier qui sera élu maire aux élections des 29 Avril et 13 Mai 1945.
Le Cercle des Chiens Charentais (photo de Pierre Coindeau)
Le Cercle des Chiens Charentais, est crée en février 1942 par une dizaine de jeunes garçons de Tonnay-Charente « pour éviter le désœuvrement ». Ils se réunissent près des Halles dans 2 pièces prêtées par des particuliers. Selon les témoignages des anciens du Cercle, l'esprit n’était pas dans l’acceptation des évènements: selon les indications d’Henri Jacques Gros (Août et Septembre 1944 à Tonnay-Charente et Surgères, en 1943, 2 jeunes rallient Londres (dont Maurice Therme tué le 17 Novembre 1944), en 1944 un jeune est déporté en Allemagne, 2 rallient les FFI. Un autre était d'une famille qui a caché des résistants...
Pierre Coindeau se souvient que quelques jours avant l’arrivée des Allemands, les tonnacquois ont pu voir la fuite vers le Sud, par le pont, de militaires français, puis les colonnes de réfugiés. Des réfugiés mosellans ont été installés Cité du Parc près du Château de la Perrière.
Installation de la première municipalité de la 4ème RépubliqueSéance du Conseil Municipal de Tonnay-Charente
du 16 septembre 1944 à 15h
Le Conseil Municipal de Tonnay-Charente a été installé par M. André Religieux, chef des FFI de la région de Rochefort.
Les membres composant la nouvelle Municipalité sont :
Mercier Jean – Maire
Guérinet Robert, adjoint
Bourdajaud André, adjoint
Charles Gaston, adjoint
Bonnin André
Moulineau Alexandre
Rabaud André
Arnoult Léonce
Guyon Odette
Martineau Olympe
Bourroleau Charlotte
Charron André
Berton Maurice
Béziaud Félix
Pineau Georges
Cannaud Marcel
Pillet Marcel
Thonnard Alfred
Marcoux Alfred
Boutin Roger
Michaud Robert
Discours de Monsieur Jean MERCIER :
Mesdames, Messieurs
Ce n’est pas sans une certaine émotion et même une certaine fierté que ceux, parmi nous, qui avons été chassés de cette Mairie par Vichy, y revenons à nouveau, mais cette fois, désignés par la IVème République.
Nous avons le grand honneur d’être les premiers conseillers municipaux de la IVème République à Tonnay-Charente, et j’ai la certitude que tous, nous aurons à cœur de la servir fidèlement.
Nous avons une tâche ardue et ingrate à remplir et, pour ce faire, il est indispensable qu’elle se fasse dans l’union de tous.
Nous ne devons avoir qu’un seul but : le salut et le relèvement de la France.
Je suis heureux de remercier publiquement Monsieur Religieux, chef des FFI de la région, et Monsieur Bignon, Maire de Rochefort, pour le concours qu’ils nous ont apporté à l’occasion de nos cérémonies de Tonnay-Charente. Je suis heureux également de me retrouver ici avec eux, et tous les amis qui les accompagnent, à visage découvert, nous qui avons lutté si souvent ensemble dans des conditions particulièrement difficiles.
Pour la première réunion de Conseil Municipal, je propose à cette assemblée de voter l’ordre du jour suivant :
« Le Conseil Municipal de Tonnay-Charente, à l’occasion de son installation, jure fidélité au gouvernement provisoire de la IVème République et à son chef vénéré, le Général de Gaulle. »
Le Conseil Municipal transitoire siégera jusqu’aux élections suivantes des 29 avril et 13 mai 1945. Sont élus :
Robin Edgar
Desgranges Daniel
Bouffet Marcel
Michaud Robert
Mercier Jean
Mineau Camille
Pineau Georges
Maurin Jean
Berton Maurice
Cannaud Marcel
Stevez Maurice
Boutin Roger
Bourdajaud André
Joussemet Suzanne
Bourrolleau Raymond
Charles Gaston
Schiffer René
Rabaud André
Béziau Félix
Charpentier Lucien
Chauveau Jean
Charpentier Marcel
Suire Léone
Au Conseil Municipal du 18 mai 1945, Jean Mercier est élu Maire, André Bourdajaud 1er Adjoint et Gaston Charles 2e Adjoint.
Merci à Madame Francoise Bonnin et au club d'histoire de Tonnay-Charente pour tout ce travail de mémoire.