Au début il y a une ballade, comme à chaque fois ou presque, et des souvenirs fugaces dans la ville où ses abords, ensuite une photo pour Rochefort d'Abord, qui montre l'activité actuelle ou passée de la citée et souvent dans le passé ramené à l'Arsenal, après tout c'est pour cela qu'a été créé Rochefort.
Ce jour-là un levier de manœuvre d'aiguillage dit « levier à balancier ou encore aiguille à lentille ou aiguille à camembert », les photos illustrent ces noms curieux perdus dans les hautes herbes, puis un autre me rappelant que le train autrefois parcourait la ville de l'Arsenal et au-delà (quai en béton sur la Charente) à la gare SNCF en passant par la Corderie Royale, les ports pour finir sa course dans le dédale des voies ferroviaire de la gare.
Attention pour cet article, de gros moyens sont mis en œuvre, satellites (oui bon, Google Earth), photos d'archives (SHD et des Articles cités), investigations, bref du lourd héhéhé !
Et comme souvent en poussant un peu les recherches on tombe sur des photos du SHD (Service historique de la défense) qui image le passé complexe et parfois tourmenté de la ville, sur un incroyable article de la Société de Géographie de Rochefort paru sur sa revue « Roccafortis » qui en raconte l'histoire, et sur un autre non moins passionnant article de l'IRSP (Inventaire des réseaux Spéciaux et Particuliers) !
Plan datant des années 1880-90 : A : gare de la Cie d’Orléans, B : gare de l’État (actuelle), C : gare de marchandises de l’État (AM Rochefort), photo de l'article de la Société de Géographie de Rochefort.
Et comme à Rochefort on ne fait rien comme tout le monde ce ne sont pas moins de trois gares qui ont cohabité ou se sont succédé pendant plus d 'un siècle et demi, et oui et tout cela sur moins d'un demi-kilomètre carré !
Je ne vous raconterais pas toute l'histoire du chemin de fer Rochefortais la SGR (Société de Géographie de Rochefort) et l'IRSP (Inventaire des réseaux Spéciaux et Particuliers) le font bien mieux que moi dans leurs articles, mais je vais quand même reprendre certain points relevé par ces articles pour retracer l'histoire de ces leviers à contrepoids, vous laissant le plaisir de lire ces superbes documents que je joint en lien à la fin du présent article.
On compare souvent notre gare à celle de La Rochelle, et bien se serait plutôt le contraire puisque bien que plus modeste, elle n'en a pas moins était construite deux avant.
« La renommée de l’architecture de la gare de Rochefort, inscrite sur l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques, dépasse nos frontières. On sait moins qu’elle fut précédée par deux autres gares. Le premier historien à avoir commencé le défrichage des archives pour faire l’histoire du rail dans les Charentes, explique le pourquoi et le comment de l’emplacement de ces gares, de leur vie, et de leur mort pour les deux premières. On comprend aussi les bizarreries du tracé des lignes dans l’espace urbain et pourquoi, pour prendre le TGV, il faut aujourd’hui se déplacer à La Rochelle ou Surgères. »
Le rail arrive à Rochefort en 1857 par la Compagnie du PO (Paris à Orléans) ; mais une compagnie concurrente, celle des Charentes, naît en 1862, ouvre une ligne de Rochefort à Saintes en 1867, puis construit une gare séparée près de celle de sa rivale. L’État reprend cette compagnie en faillite en 1878 et, en 1883, contraint le PO à lui céder, entre autres, sa ligne de Rochefort ainsi que sa gare. Vingt ans plus tard, il rase la seconde gare, construit à son emplacement une troisième gare – l’actuelle – et se débarrasse de la première. Au-delà même des besoins importants de la ville d'avoir une gare, fret, ravitaillement de l'arsenal, transport de troupes ou encore expédition des produits de la région dans toute la France, se joue ici des considérations politiques et concurrentielles de l'état et des politiques régionaux (phénomène qui n'a plus lieu de nos jours, hummmm,).
Les Charentais votent en masse pour le neveu du Grand Empereur, Louis-Napoléon Bonaparte, à l’élection présidentielle du 10 décembre 1848. Le suffrage universel fait d’eux de fidèles bonapartistes, et pour longtemps, jusqu’à la fin du siècle. Cette fidélité va jouer dans l’histoire ferroviaire des Charentes, et donc de Rochefort.
La ligne de Rochefort (18 km), à voie unique donc, pique au sud, en ligne droite, à travers le marais. Sans franchir l’enceinte fortifiée, elle se termine près du quai est de l’actuel port de plaisance du bassin n°2, (bassin inauguré en 1868) dans une gare assez représentative de « l’age du fer », comme on l’a appelé à cette époque. Plus tard, un embranchement longera le côté est de la gare, percera le rempart en arrière de la vieille forme, longera la corderie pour venir irriguer l’Arsenal, au-delà des formes Napoléon III et Louis XV qui accueille aujourd’hui le chantier de l’Hermione.Nous y voilà, à notre petite voie de chemin de fer interne à la ville, ouverte en 1857 et qui sera désaffectée définitivement dans les années 70 du 20éme siècle. (photos des vestiges).
On aurait pu en rester là, et améliorer l'existant..
Mais le PO ne veut toujours pas construire de lignes nouvelles (par exemple Rochefort-Saintes). Le gouvernement impérial n’a plus les moyens de ses ambitions ferroviaires. Il va donc, contre l’avis de l’administration des Ponts et Chaussées, autoriser la création de nouvelles compagnies. C’est ainsi que des notables charentais, exaspérés par les refus du PO, vont créer la Compagnie des Charentes. Ils sont donc à l’origine de la deuxième gare de Rochefort.
Voilà pour l'entrée en matière, pour l'histoire intégrale du chemin de fer Rochefortais, je vous invite à lire le passionnant document joint en lien de la SGR et de son auteur Bernard Plichard et celui de l'IRSP (Inventaire des réseaux Spéciaux et Particuliers) mais revenons à nos moutons, enfin à nos aiguillages perdus dans la nature.
Train du président Félix Faure derrière la maison de commandement 1897! photo du SHD (Service Historique de la Défense).
Ces aiguillages montrent ainsi l'intense activité des diverses lignes qui sillonnent Rochefort, vers le port d'abord qui à cette époque et florissante, vers l'Arsenal qui avec ses constructions navales, avalent de grandes quantités de matières premières, bois, métaux puis acier avec la marine à vapeur naissante, puis plus tard l'aviation, pour notre usine phare, d'abord Lioret et Olivier première implantation dans l'arsenal dans les locaux abandonnés par la construction navale, puis Bloch, SNCASO, SOGERMA, et j'en passe pour devenir l'actuelle STELIA; ensuite jusqu'au quai en béton sur la Charente (construit sous l'occupation allemande) qui achemine le fret nécessaire à l'occupant.
Photos des rails devant le Café des Longitudes, juste après guerre, on peut voir distinctement la Corderie Royale incendiée par les Allemands à leur premier départ de Rochefort en 1944. Photos du SHD
Il reste peu de témoignages de ces lignes, le pont tournant sur le port de plaisance, vers la sortie du bassin a disparu en 2005, ne reste que la voie sur l’embarcadère en béton construit par l'occupant, quelques traces sur des vues satellites de Google Earth, nos fameux leviers d'aiguillages, les photos du SHD et des articles référencés ici et quelques restes de voies vers le Lycée Dassault et entre le port de commerce et la gare où était implantée la première gare Rochefortaise aujourd'hui disparue.
Plan des lignes intérieures de Rochefort, photo IRSP
Je pense que les derniers trains ou plutôt locotracteurs, ont circulé vers le milieu des années 70 pour relier l'entreprise aéronautique Rochefortaise à la gare pour des expéditions de pièces détachées, j'en ai des souvenir assez précis.
Une histoire intéressant partie d'une simple photo qui se voulait juste « artistique » en témoignage de ce passé riche et inépuisable de l'histoire de notre ville.
Il faut que j’arrête de chercher toujours à relier mes photos à des événements du passé, c'est chronophage (des heures et des heures de travail),, mais ôôôô combien passionnant.
LES TROIS GARES DE ROCHEFORTService historique de la DéfenseROCHEFORT–EP MILITAIRES IRSP